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 En feuilletant les pages ignorées de l'histoire de Fès par le R.P. Henry Koehler

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ouedaggaï

ouedaggaï


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MessageSujet: En feuilletant les pages ignorées de l'histoire de Fès par le R.P. Henry Koehler   En feuilletant les pages ignorées de l'histoire de Fès par le R.P. Henry Koehler I_icon_minitimeMer 16 Nov - 23:40

Voici une nouvelle conférence des "Amis de Fès" prononcée le 4 mai 1951 par le R.P. Henry Koehler.

Le Père Koehler, franciscain , est arrivé au Maroc en 1912. Il fut curé de Fès à Saint François d'Assise de 1941 à 1945, et fut également curé de Sefrou dans les années 1950.

Il était célèbre pour  son caractère rugueux et plus sérieusement pour ses prédications et ses ouvrages ( il est entre autres l'auteur d'un livre sur " l'église chrétienne du Maroc et la mission franciscaine 1221-1790" publié en 1934 qui constitue une référence sur le sujet)

Il était également membre de la Société préhistorique française, a exploré de nombreuses grottes au Maroc, et a publié de nombreux articles sur ses découvertes archéologiques.

Je remercie "Carole de Fès" qui a eu la gentillesse de retaper le tapuscrit d'origine pour qu'il puisse être publier sur le site




 "   En me rendant à l’invitation si cordiale de votre Président, je n’ai pas eu la prétention d’offrir aux « Amis de Fès » une conférence de belle tenue scientifique ou littéraire, comme ils sont accoutumés d’entendre… Chacun doit jouer son air sur son instrument, ne serait-il qu’une flûte de roseau…

En somme, ce soir, je vais simplement feuilleter ces vieux papiers qui paraissent aux jeunes n’être que des nids à poussière, mais qui, au vrai, recèlent des lambeaux de vie, d’une vie parfois fort semblable à notre vie moderne ; l’homme, après tout, reste toujours l’homme et il a toujours à apprendre quelque chose de ses aînés.

Parmi ces feuilles, j’ai eu à choisir ma chanson suivant la force de mon flûteau, et puisque les circonstances de l’existence m’ont permis d’avoir à ma disposition de très intéressants manuscrits inédits, par conséquent ignorés de presque tout le monde, touchant la présence chrétienne à Fès, ce sont quelques unes de ces pages que je vais essayer de déchiffrer devant vous.

Le poète disait avec un joli geste :

« Voici des fleurs, voici des fruits… »

je voudrais, moi aussi pour répondre à votre sympathie, avoir le geste… mais hélas ! je ne puis que dire : « Voici … des feuilles ! ».

Les documents de ce que j’appellerai la préhistoire du Christianisme à Fès sont rares, vagues et d’interprétation difficile. L’historien Ibn Khaldoun prétend « qu’avant l’introduction de l’islamisme chez les Berbères de l’Afrikia et du Maghreb, ils vivaient sous la domination des Francs (lisez Romains) et professaient le Christianisme ». Cela ne nous apprend pas grand’chose. En Noweiri, parlant d’Idris II, remarque que « parmi les Beni Borghos, se trouvaient des mages, des juifs et des chrétiens » auxquels il imposa de force sa religion.

Qu’il y ait eu des chrétiens parmi les tribus du Maghreb, cela est fort probable, étant donné qu’après la défaite de Koceila par les envahisseurs arabes, les tribus Ouaraba s’enfuirent, dit Ibn Khaldoun, et se fixèrent au Maghreb, à Oualili et dans les environs. Or, ces tribus avaient été influencées par les Romains des Provinces d’Afrique et, une fois dans nos pays, elles vécurent en contact avec la culture chrétienne et Volubilis. De ces textes, on ne peut donc pas tirer davantage, sinon de supposer qu’il y eut des chrétiens indigènes. Où et combien, nous l’ignorons, faute de documents probants.

Nous prenons pied dans l’Histoire avec le cas de l’évêque Miguel qui, au temps où l’almohade Ali ben Youssef ramenait d’Andalousie 16.000 captifs, vécut à Fès, où il traduisit les évangiles en arabe. Le texte de cet ouvrage demeura à la Bibliothèque de l’Escorial jusqu’au XVIème siècle.

Un pas de plus nous fait atteindre une certitude mieux confirmée : il s’agit du mouvement missionnaire inauguré par les premiers martyrs franciscains de Marrakech, auxquels le Pape Honorius III donna la consécration par la nomination d’un évêque qui dut venir résider à Fès. Il est probable que cela eut lieu dans les années de 1227 ou 1228. Sa venue dut être considérée d’un bon œil par le Sultan, puisqu’en 1233 Grégoire IX le remerciait de l’accueil qu’il avait ménagé à l’évêque Agnelo et aux franciscains qui l’accompagnaient.

La mitre marocaine ne devait pas rester longtemps à Fès. Dans une bulle à l’évêque de Marrakech, Lope, en 1246, Innocent IV lui concède la même juridiction qu’avait son prédécesseur Agnelo ; or, comme nous voyons, par une bulle du même Pape datée de 1237, qu’il donne à Marrakech un pontife, il est plus que probable que ce fut à ce moment que le siège épiscopal du Maroc quitta Fès.

Le geste de Rome indique évidemment qu’il y a eu au Maghreb un nombre suffisant de chrétiens pour justifier la présence d’un évêque. Ces chrétiens, l’Histoire nous l’apprend, sont les soldats de la Milice du Sultan. L’institution de cette Légion Etrangère auprès des souverains marocains date de fort haut ; et son origine est assez confuse. Les faits les plus vérifiés nous indiquent que déjà sous les almoravides, elle existait : en 1142, son chef, Reverter, est tué au combat. Les miliciens de Marrakech nous sont attestés par la relation concernant les Protomartyrs franciscains, en 1221. Ceux de Fès, au temps des almohades, paraissent avec Xerid leur chef, qui assassine le Gouverneur mérinide, en faveur d’El Mortahda. En 1274, le Sultan mérinide de Fès obtient de Don Jaime Ier, Comte de Barcelone, un renfort de 500 hommes et chevaux, et s’engage à autoriser l’ouverture d’une église pour ses miliciens. Comme, d’après Léon l’Africain, la kasbah de la milice s’élevait au quartier dit « Rabih en Nçara » et que ce quartier se situe à l’Est du palais de Fez Djedid, nous pouvons supposer que là aurait été une primitive église chrétienne. Encore ne dût-elle pas durer longtemps, puisqu’au XVIème siècle, cette construction devint l’Arsenal, puis la Monnaie.

D’autres noms de Chefs de la Milice à Fès nous sont connus, tels, en 1278, celui du galicien Garcia Martinez, en 1290 Alfonso Perez de Gisman ; Gonzalez Sanchez en 1308 ; Garcia ben Atol en 1360 et Gilbert de Rovero en 1380. Mais, en 1390, le gros de la milice revient à Séville et c’est le dernier document qui en fait mention. Un reste en a-t-il subsisté jusqu’au XVème siècle ? … Nous n’en savons rien.

Si la présence de ces miliciens, libres et non esclaves, est intéressante à constater, parce qu’elle montre la confiance des sultans à l’égard des soldats chrétiens, courageux et experts dans l’art des combats, nous devons avouer qu’au point de vue religieux ce devait être tout autre chose que des paroissiens tranquilles. Les miliciens sont turbulents, il ont des consciences de soudards et leurs chefs enclins à la révolte sont ordinairement choisis par les sultans ou les vizirs pour exécuter les crimes politiques, qui ont été souvent un moyen de prendre ou de retenir le pouvoir autour du trône marocain et peut-être aussi étaient-ils de mœurs faciles, puisqu’en 1388 Gilbert de Tortosa arrive à Fès avec 50 hommes et … 10 courtisanes.

Il n’est donc pas étonnant que l’histoire religieuse ne fasse mention ni de chapelains attachés à ces troupes sauf pour Marrakech, ni d’églises ou de chapelles pour leur service religieux. Est-ce à dire qu’aucun prêtre ne soit venu à Fès durant cette période ? A titre habituel, c’est fort douteux ; passagèrement, nous en sommes sûrs.

On raconte que sous le pontificat de Lope, évêque de Marrakech, c’est-à-dire de 1246 à 1260, les troubles politiques causés par l’arrivée des premiers mérinides, mirent aux prises le Sultan du sud et ses compétiteurs et par conséquent les milices chrétiennes de l’un et l’autre parti. L’évêque, désolé de ce conflit qui engageait les chrétiens, offrit sa médiation au Sultan et envoya trois franciscains pour obtenir une trêve. Ceux-ci partirent avec quelques marocains d’escorte. Mais, ayant eu vent de l’ambassade, certains des révoltés se préparèrent à lui couper la route. Comme ils allaient s’approchant de l’endroit critique, les religieux virent un lion énorme sortir des fourrés ; l’escorte s’enfuit ; les religieux effrayés jetèrent au fauve leurs provisions de route. La bête accepta de bonne grâce le casse-croute et se mit à les suivre à la façon d’un aimable caniche. On arrivait à l’embuscade… les ennemis parurent en nombre, mais le lion bondit, crinière hérissée, crocs en avant ; à son rugissement, ce fut la panique. L’ambassade put continuer son chemin, obtenir une trêve et revint, toujours sous la protection du lion mystérieux.

Ne serait-ce pas le fondement de la légende de Diego de Torrès suivant laquelle, vers 1248, notre légende franciscaine donne à la même date un lion délivré d’un serpent qui l’attaquait par le castillan don Pérez, s’attacha à lui et le suivit à Fès où le sultan, ravi de voir l’envoyé de Ferdinand, roi de Castille, si bien accompagné, donnait le nom de Bab Sebâ à la porte par laquelle il était rentré à la Cour ?

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Bab Sbâ

Quoi qu’il en soit de ces légendes, nous avons des preuves plus solides pour nous assurer de la présence d’un nombre important d’esclaves chrétiens à Fès. Les religieux Rédempteurs, Trinitaires ou Mercédaires virent en 1342 libérer 150 captifs et 258 en l’an 1402. Le ménologe de l’Ordre de la Mercy porte au 17 Juin mention des saints martyrs Egide, Louis, Jean et Paul, qui, pour avoir prêché la religion du Christ, eurent la langue, des pieds et les mains coupés et furent finalement décapités en l’an 1450.

Je ne parlerai pas ici de l’Infant de Portugal, prisonnier en ces murs de 1437 à 1443 : vous avez entendu narrer cette tragique aventure par un conférencier hors pair dont les paroles vous ont profondément émus. Je m’arrêterai à l’épisode fameux qui illustre l’histoire chrétienne de Fès, celui d’André de Spolète, porteur, à titre privé, du qualificatif de Bienheureux.

Après une vie mouvementée dans cette Ombrie du XVIème siècle si tourmentée par les factions politiques, André, originaire de Cascia, ayant revêtu la bure franciscaine, la délaissa pour une riche abbaye. Mais, dépouillé de ce fief par des intrigants, dégoûté du monde, il rentra au bercail et, pour réparer cette faiblesse d’un moment, partit vers le Maroc. Une courte halte à Ceuta et le voilà à la Cour de Fès. Les captifs  y sont nombreux et parmi eux le fils du Gouverneur de Tanger, don Fernando de Meneses, chez qui il prit logement. Sous l’inspiration qui le poussait, il se rendit auprès du sultan Ahmed el Ouatassi. Entendant le religieux lui exposer sa mission de salut à l’égard de ses sujets et de lui-même, le souverain demeura perplexe. Les captifs de sa capitale jouissaient d’une liberté relative et un accord avait été signé avec Jean II de Portugal par lequel il s’engageait à ne point les maltraiter. D’autre part, les propositions du moine étaient extraordinaires, entre autres celles de ressusciter le père du roi, ce à quoi celui-ci ne paraissait pas tenir et pour cause … Après des joutes inutiles au mellah avec les Juifs, André proposa d’entrer dans un bûcher ardent en preuve de sa doctrine. On essaya en vain de l’en dissuader. De guerre lasse, on accéda à sa demande, à la condition qu’un acte fût rédigé spécifiant que c’était de sa propre volonté que l’épreuve aurait lieu, que don Fernando et d’autres chrétiens signeraient le papier, ce qui fut fait. Grâce à la lettre que don Fernando, témoin oculaire, envoya à son père, nous connaissons d’une façon historique indubitable la scène étonnante qui se passa. André, dépouillé de ses vêtements, enduit par les marocains d’une huile destinée à conjurer toute magie, entra dans l’énorme machine élevée au Méchouar. Le feu brûla intense, activé par de la poudre : le moine à genoux priait ; puis se levant, se promena parmi les flammes en louant Dieu et exhortant le roi au baptême. Quand il fut demeuré ainsi, vivant et joyeux, au cœur de l’incendie, durant un assez long temps, au moment où il sortait du brasier, la foule ameutée et criant au sortilège, se jeta sur lui à coups de pierres et de bâtons, un moellon lui brisa le crâne et on acheva de le lapider. Ceci se passait le 15 février 1532. Le corps d’André déchiré par la populace fut jeté dans l’Oued-Fès tout proche et s’arrêta auprès du moulin d’un chrétien qui l’inhuma respectueusement. Les témoins du prodige firent relation de ce fait merveilleux et leur déposition parvint quelques jours plus tard, en terre chrétienne, le 10 avril de la même année 1532.

D’après les documents que nous venons d’interroger, nous ne pouvons pas tirer de conclusions fermes au sujet de l’existence d’un lieu de culte à un endroit bien déterminé, dans cette ville de Fès, cela jusqu’au XVIème siècle.


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Il semble bien téméraire et passablement hypothétique de prétendre avec quelques historiens modernes, par ailleurs fort compétents, qu’une église existait à Fès, située, paraît-il, en face de l’actuelle chapelle de la médina et dédiée à la Conception Immaculée de Notre-Dame. Tous les auteurs ecclésiastiques, les Chroniqueurs de l’Ordre franciscain, les historiens comme Diego de Torres, Marmol, Léon l’Africain, ou le captif Mouëtte, que nous avons entre les mains pour les consulter, n’en parlent absolument pas. Cette affirmation repose probablement sur une confusion avec un fait beaucoup plus tardif que je signalerai tout à l’heure. On nous assure que l’évêque Agnelo fit de Fès son église métropolitaine : nous n’en savons rien. On nous dit que le chroniqueur de l’Infant-Saint, Alvarès, signale que le vizir mérinide El Azreg fit transformer les églises de l’Almila en synagogues. L’Almila c’est le mellah où furent transférés les juifs de Fès Bali entre 1310 et 1325, sous le mérinide Abou Saïd, et ce quartier était celui des archers syriens, ce transfert eut donc lieu un siècle avant le fameux vizir. Tout ce que nous pouvons inférer des textes c’est que les commerçants chrétiens avaient facilité de loger dans des hôtels près de la Karaouine, qu’ils avaient une « douane » en ville nouvelle, laquelle fut transformée au XVIème siècle en fonderie et Monnaie, et enfin que l’ « acequife » ou garde chrétienne du Sultan résida au  nord de Dar Maghzen, près des écuries royales. Qu’il y ait eu des chapelles dans ces maisons, c’est possible : on ne nous le dit pas. Qu’il y ait eu un service religieux, nous l’ignorons également ; il n’apparaît pas, même au temps où le chapelain de l’Infant de Portugal était prisonnier avec lui. Quant au vocable de la soi-disant église de Fès, nous verrons dans un instant qu’il en était tout autrement qu’on le prétend. Tandis qu’en examinant les témoignages touchant la primitive église de Marrakech, nous y trouvons mention d’édifices cultuels en ces temps reculés, il importe, en présence du silence de ceux qui concernent cette cité, de se tenir sur la plus prudente réserve. Il a pu, disons : il a dû en exister… et c’est tout !

Entrons à présent dans la pleine lumière.

La mission franciscaine était en exercice au couvent de Marrakech lorsque Moulay Ismaël s’empara de la ville. Sur son ordre les captifs durent quitter la capitale découronnée et prirent le chemin du Nord. La raison d’être des religieux au service des esclaves n’existait donc plus, le Sultan les recevant en audience leur donna un sauf-conduit pour Fès et les engagea à s’établir dans sa nouvelle capitale. Ce fut le 2 Juillet 1672 que les franciscains arrivèrent au terme de leur voyage. Ils étaient porteurs d’une lettre de recommandation du beau-frère de Moulay Ismaël pour le gouverneur de Fès. Celui-ci n’eut garde d’ignorer la recommandation, il confia les religieux au Majordome  des captifs. Il est probable que la crise des logements sévissait déjà en ces années reculées, puisque le brave homme, quoique chrétien, ne trouva pour loger les religieux que quelques cabanes destinées aux captifs dans les écuries du gouverneur. C’était à Fès Bali, le chroniqueur nous le spécifie. Ce pouvait être dans l’endroit dit « La Rocca » où s’étaient installés les gouverneurs, et devait se situer du côté de Bab Guissa, au dessous des tombeaux mérinides. D’autre part la majeure partie des captifs était installée dans la sagène de Fès Djedid, à presque une lieue de distance. Il fallait que les religieux fissent le trajet en passant par les rues de la médina pour pouvoir assurer le service des esclaves. Or cette traversée n’avait rien du pittoresque dont se gargarisent nos touristes modernes. Voici ce qu’écrit le P. Alonso qui vécut cette fondation : « Comme notre saint habit paraît étrange aux indigènes, ils ne se gênent pas pour nous maudire, nous moquer, nous lancer des pierres ou cracher sur nous. Allant une fois à un chrétien gravement malade, mon compagnon restant pour le confesser, j’allai chercher les saintes huiles : passant par la place on me lança de je ne sais où, une pierre d’au moins trois livres, qui me tomba sur le coup de pied ; je restai un bon moment sans pouvoir bouger ».

Devant ces difficultés et ces risques, les religieux tentèrent d’acheter une maison au mellah. Cela déchaîna un si beau tapage que pour tout simplifier les pauvres Pères firent ce qu’ils avaient fait à Marrakech et demandèrent à s’installer dans la prison, au milieu des captifs. C’était tout simplement héroïque.

Mais où était donc cette Sagène ? Il y eut, nous le savons, un peu partout des demeures pour les captifs chrétiens. On nous a parlé des matamores, et chez le gouverneur, il y avait une prison à La Rocca. Lorsqu’au 25 Août 1675 Fès Bali se révolta contre Moulay Ismael, des esclaves chrétiens se trouvaient dans les deux partis, tâchant d’ailleurs de se faire le moindre mal. Marmol nous a prévenus qu’au quartier d’Al Blyda, près de Bab Ftouh : « il y a de grandes places où les esclaves chrétiens vont scier le bois tous les jours de la semaine, hors le vendredi, depuis midi jusqu’au soir ». Tout ceci ne nous situe pas la véritable Sagène. Je me permettrai d’être en désaccord avec l’hypothèse proposée par un érudit très estimé, dans le compte rendu du 4ème Congrès de la Fédération des Sociétés Savantes de l’Afrique du Nord. « La tradition locale, y est-il dit, semble attribuer à Moulay Ismaël la transformation du Heri de Zebbala en prison, et spécialement en prison pour les chrétiens ». Nous allons dire pourquoi, documents de l’époque en main, nous ne pouvons souscrire à l’hypothèse, mais je fais ici un rapprochement avec l’erreur énorme que j’ai déjà signalée au sujet des prisons de Meknès. On s’acharne, là-bas, à montrer aux touristes les caveaux de la Koubba Khiatin en les dénommant « prisons des chrétiens ». Or, nous avons les récits de témoins oculaires prouvant que jamais les captifs n’y ont été et les grafitti que j’y ai relevés dès 1920 montrent que ces caves n’ont servi de prison qu’au début du XIXème siècle. Il faut donc chercher ailleurs.

Celui qui a le mieux connu la Sagène, le P. Juan del Puerto, Gardien du royal Couvent de Meknès en 1703, par conséquent 30 ans après la fondation fassie, écrit : « La sagène de Fès est une enceinte de grandes murailles, hautes et solides, formant un carré avec une seule petite porte, où jadis on exécutait les condamnés à mort, c’est pour cette raison qu’on l’appelle « Dar el Mudt » ce qui veut dire la Maison des pleurs, à cause des grands cris avec lesquels on pleurait, selon la coutume, les condamnés ».   Or nous lisons ceci dans l’ « Histoire des conquêtes de Moulay Archy » écrite par le captif Mouëtte en 1683 : « Hors la ville, dans un lieu appelé « Commice » (il veut dire El Kmis) est un château que Moulay Archy avait commencé et qui est demeuré imparfait pour le préjudice qu’il apporterait si ceux qui auraient été dedans s’y fusent soulevés à cause qu’il est sur un lieu élevé et commande à la ville qui est dans la plaine. Il y a une longue et haute muraille qui tire droit depuis la porte appelée des Lions jusque près de ce château qui sert de lieu patibulaire où l’on empale et expose les corps de ceux que le roi et sa justice condamnent à mort ».

Cette description, qui précise celle du P. Del Puerto, s’applique parfaitement à la Kasbah des Cherardas, au souq El Kmis, bâtie par Moulay Er Rechid vers 1671. C’est donc là que fut la Sagène, là que les franciscains en 1672 vinrent habiter parmi les captifs et édifièrent la première église que nous connaissions de science certaine, l’église – le mot est bien solennel – dédiée à l’Immaculée Conception.

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Comparée à l’ancienne prison de Marrakech, celle de Fès n’offrait aucun espace confortable. Ce n’étaient plus les grosses bâtisses de la porte Bab Agnaou, mais ici le carré de murailles était tapissé de cabanes de bois, de roseaux ou de toub, où logeaient les captifs.

Les deux franciscains reçurent en partage un espace d’environ 8 m de long sur 3 ou 4 de profondeur. C’est là qu’ils installèrent ce qu’ils appelèrent religieusement « le Couvent ». Aidés par les captifs, ils construisirent un étage à leur cabane : le bas servait de chapelle, au-dessus se trouvaient la cuisine, le réfectoire et trois cellules. On se demande vraiment comment l’on pouvait s’y tenir. La chapelle offrait cette particularité que l’autel se logeait dans une excavation que l’on avait pratiquée dans l’épaisseur de la muraille. Deux portes le dissimulaient pour éviter tout profanation possible. Le dimanche on les ouvrait ainsi que celles de la chapelle, et tous les captifs pouvaient de la sorte assister aux offices. Peu après, grâce à des esclaves ingénieux on fit une chapelle de terre et de briques et l’on eut, suivant le mot du religieux qui y assistait, « une bonne chapelle d’ermitage ».

C’est dans ce réduit que l’on intronisa le 8 Décembre 1672 la Patronne de l’humble église. Pour cette fête les captifs firent merveille. Le sanctuaire fut paré de fleurs du bled : narcisses blancs, iris mauves, et des roseaux verts de l’Oued Fès. On confectionna avec des fleurs de papier ces « floreros » si goûtés en Espagne. On étendit quelques lambeaux de soies multicolores et quand tout fut prêt, une procession se forma au chant de l’Ave Maris Stella, et la petite statue de Notre Dame, portée par les esclaves, prit possession de son pauvre domaine. Ce fut touchant d’entendre à cette première messe chantée par le P. Alonso, les cantilènes populaires d’Espagne les « Vilancicos » qui rappelaient aux exilés leur patrie lointaine.

Mais tous les jours n’étaient pas de fête : le travail y succédait aussitôt. Les religieux reprirent l’horaire et les œuvres de Marrakech. A 2 h du matin la voix de l’excitateur les appelait pour la récitation des matines, puis un captif chargé de cet office allait avertir les fidèles de l’heure de la messe, et quand les gardiens venaient, à l’aurore, pour ouvrir les portes et mener au travail, la célébration matinale était achevée. Pour les religieux c’était le commencement d’autres occupations. Il y avait l'école et l’hôpital.

Les enfants nés en captivité ou pris avec leurs parents recevaient l’instruction que leur départissaient les moines devenus professeurs ; des adultes prenaient part à ces leçons, et des marocains de bonnes familles demandèrent et obtinrent d’y faire participer leurs enfants. Ainsi fut inaugurée, dès ce temps, l’instruction publique qui ne devait pas grever le budget des contribuables de la Sagène.

L’hôpital était fort modeste mais bien nécessaire. Comme celui de Marrakech il était soutenu par la Confrérie de la Miséricorde. Cette pieuse association dirigée par un majordome  recueillait les dons de la pauvreté des captifs pour en faire bénéficier les infirmes et les malades. Dans une baraque on avait organisé quelques lits pourvus, grâce aux dons venus d’Europe, de couvertures et de draps. Le religieux infirmier avait la charge des malades et la pharmacie – une simple caisse avec les remèdes de l’ancien codex – parait aux cas les plus urgents. Le P. Del Puerto qui connut la magnifique pharmacie de Meknès, 25 ans plus tard, dit de celle-ci d’une façon humoristique, un peu à la Molière : « Ils avaient un petit placard de médecines, et s’il y manquait certaines de celles qui eussent été nécessaires, dans ces quelques unes Dieu mit la vertu de plusieurs, car, administrées à telle maladie, ce que n’eussent point permis les aphorismes de nos médecins, elles guérissaient, à l’encontre de toutes leurs métaphysiques ».

Si je me rapporte au manuscrit inédit de Tanger dont j’ai publié jadis quelques extraits, je pense que les flacons de Fès devaient receler les mêmes drogues qu’à Meknès : Cynoglogue, palo sancto, terre sigillée, thérique, mercure, emplâtre de grenouilles, de manus dei, de savon camphré, huiles de muscade, de girofle, sirop de roses purgatif, baume du Pérou, de Tolu, de soufre… etc. etc. J’en passe et des meilleurs ! Il est bien probable que les richesses médicales des franciscains ne restèrent pas à la disposition des seuls captifs de la Sagène. A Meknès le Sultan et son entourage, les gros bourgeois et le petit peuple, tous venaient quémander des remèdes au pauvre Frère infirmier qui ne savait où donner de la tête, aussi, nous raconte Lamprière, le brave religieux inventa un élixir composé d’ « aqua simplex », de miel et de quelques herbes des champs, et grâce au tonneau qui pouvait renouveler la provision à volonté, il fut à même de satisfaire ses nombreux clients avec ce que l’on appelait pompeusement « la tisane des Chérifs »… Tant il est vrai que c’est la foi qui sauve !

L’assistance médicale au Maroc est ainsi, grâce au dévouement franciscain, vieille de plusieurs siècles !

Le couvent et l’église de la Sagène ne se maintinrent que quatre ans. En 1676 les religieux Trinitaires qui convoitaient, par un saint zèle, l’assistance aux captifs, abusèrent de l’absence du sultan Moulay Ismaël et de l’avarice de certains Caïds de la Cour. Les franciscains durent leur céder la place et se réfugier à Ceuta. L’entreprise fut d’ailleurs malheureuse et ne dura pas un mois.

Le retour des religieux à Fès n’eut lieu que 8 ans plus tard. Déjà la plupart des captifs avait été transférée à Meknès où le grand Sultan commençait ses monumentales constructions. Ce fut donc là que les missionnaires revenant au Maroc s’établirent d’abord. Mais comme à Fès, note le chroniqueur, il y avait encore beaucoup de captifs – ils étaient 500 les années précédentes, et que la plupart d’entre eux étaient mariés, à cause des périls que couraient leurs enfants, ils décidèrent que l’un d’entre eux s’y établirait de nouveau, étant donné surtout, ajoutait-il, qu’existait toujours le couvent fondé avant leur départ.

L’église des Chérardas allait donc reprendre vie.

C’est vers cette époque, exactement en 1687 que se produisit le fait suivant rapporté par le P. Louis de Saint Augustin alors résidant dans la Ville. La Vierge serait apparue à une mauresque mariée à un Grenadin renégat et l’aurait engagée à se faire chrétienne. Devant l’apparition de cette Dame, assise sur un trône de gloire et qui lui parlait avec douceur, la pauvre femme resta toute interdite et joyeuse. Illuminée intérieurement et sans qu’il fût nécessaire de l’instruire comme d’autres ignorants, elle reçut le baptême sous le nom de « Marie des Anges ».

En feuilletant les pages ignorées de l'histoire de Fès par le R.P. Henry Koehler 010_fa10

Une note curieuse attire notre attention au Registre manuscrit et inédit des Mariages. En 1690 le religieux qui signe l’acte du 28 mai, indique que la cérémonie eut lieu dans « notre hospice de Ste Anne à Fès ». Cet étonnant changement de dénomination n’est pas une erreur, puisque dans la relation officielle de 1712, on fait mention « à Fès Djedid, là où depuis de longues années on a eu un hospice au milieu de nombreux captifs » d’une église « dédiée à Ste Anne et plus grande que celle de Tétouan et de Salé ».

Cette même relation nous apprend encore quelque chose de nouveau. J’en extrais le principal. En Janvier 1722, une cabale de gens désireux d’occuper l’habitation des captifs et des religieux intrigua auprès du Sultan et obtint de lui, on ne sait pourquoi, la cession de l’endroit convoité. Ils arrivèrent en troupe au moment où l’un des religieux célébrait la messe. On eut toutes les peines du monde à les faire attendre en parlementant avec eux. Finalement ils firent irruption dans le logis, pillèrent et saccagèrent, jusqu’au moment où le gouverneur arriva en hâte avec sa garde et mit tout ce monde à la raison. Fort bienfaisant à l’égard des franciscains, il leur conseilla de chercher temporairement une autre demeure, et les religieux aidés de quelques hommes de peine qu’il leur donna, s’en furent dans la maison d’un des captifs de la poudrerie, à Fès Bali. L’affaire fut tout de même portée devant le Sultan. Or on sait par les nombreux et extraordinaires firmans de Moulay Ismaël, conservés dans les archives de la Mission – combien le souverain témoignait d’égard à ceux qu’il nommait ses religieux. Par ces lettres solennelles, le grand Sultan assurait la sauvegarde et le respect aux franciscains, mais de plus, il les exemptait de toutes douanes et péages, les mettait sous la protection des caïds qui devaient pourvoir à leur sécurité et à leur nécessaire en voyage. Il ajoutait, en juillet 1714 : « que ceux qui leur feraient quelque mal craignent pour leur tête » et en Décembre 1721 : « Si quelqu’un s’avise de les molester ou de les injurier qu’il craigne pour sa tête ». Avec Moulay Ismaël on savait ce que parler veut dire et… on se dépêchait d’obtempérer même à ses désirs !  Il reconnut leur droit et par un crieur public fit proclamer à Fez sa décision et la sauvegarde dans laquelle il tenait les franciscains. Aussitôt le gouverneur organisa une énorme diffa à laquelle prirent part les religieux, les principaux notables fassis et les délinquants. Tout se termina pour le mieux autour du méchoui de réconciliation. Bien plus, les religieux y gagnèrent d’ajouter à la précédente habitation la maison qu’ils achetèrent, contiguë à celle des captifs de la poudrerie auprès de l’oued. Ainsi chaque dimanche, se partageant le ministère, tandis que l’un d’eux célébrait en la Sagène, l’autre allait officier dans la chapelle de Bali. De là peut-être l’erreur que j’ai signalée plus haut au sujet de la localisation de l’église des Chrétiens au XVIème siècle, dans les environs de l’actuelle chapelle de St Michel.

D’ailleurs, à partir de ce moment le nombre des captifs s’amenuisant, le service religieux se centra d’avantage sur cette dernière résidence. C’est probablement là que furent célébrés les seuls mariages chrétiens que je relève dans le manuscrit, en 1690, 1697 et 1698.

L’ombre se fait désormais sur l’activité de la mission à Fès. Au dire des historiens le tremblement de terre de 1728 l’éprouva presqu’autant que celle de Meknès. Que devinrent dans la suite les deux religieux qui y demeuraient, nous l’ignorons, car au moment de l’expulsion xénophobe de 1790, nous voyons mentionner le départ des religieux de Marrakech, Meknès, Tétouan, mais on ne mentionne pas ceux de Fès.

L’histoire du passé s’arrête là.

Cependant 8 religieux demeuraient encore au Maroc, à Tanger et à Safi. Et le firman de Moulay Sliman donné le 5 Mars 1794 renouvelait les privilèges accordés aux Franciscains par ses prédécesseurs. En 1799 il ajoutait cet éloge : « les missionnaires franciscains, loin de déplaire aux marocains leur ont toujours été sympathiques en raison de leur connaissance de la médecine et de leur grande humanité ». Malgré ce bel hommage et l’autorisation que le Sultan donnait aux religieux de reprendre leurs anciens établissements, la bure franciscaine se cantonna dans les ports de l’Atlantique. Un jour vint cependant où elle reparut dans ces murs, ce fut au moment des tragiques journées de Fès quand le P. Michel Fabre tomba victime de sa charité.

La suite est de l’histoire contemporaine et vous la connaissez. "

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MessageSujet: Re: En feuilletant les pages ignorées de l'histoire de Fès par le R.P. Henry Koehler   En feuilletant les pages ignorées de l'histoire de Fès par le R.P. Henry Koehler I_icon_minitimeSam 26 Nov - 17:33

Je complète cette conférence des "Amis de Fès" par quelques éléments biographiques concernant le Père Koehler.

Le Père Henry KOEHLER, né à Dole en 1884, débarque à Casablanca le 1er juin 1912, à 28 ans. Il est prêtre depuis 4 ans et vient au Maroc comme aumônier militaire. Il est nommé à Meknès dès le mois de juillet 1912. Il y passera 10 ans, sauf une interruption de 1914 à 1916 où il regagne la France pour la guerre. Il quitte le Maroc définitivement en 1961.

Durant ses deux premières années à Meknès il mène de front ses fonctions d'aumônier et de curé d'une paroisse à fonder et à organiser. Il est seul la plupart du temps même si à l'occasion, des aumôniers de passage, ou pour les grandes fêtes religieuses, les aumôniers militaires de Fès viennent l'aider.

Il cherche une maison à louer pour y installer une chapelle à laquelle il donne le nom de « l'Immaculée Conception de la Reine des Anges » en souvenir de l'église qui au 17ème siècle, à Meknès, servit de lieu de prière aux captifs de Moulay Ismail. Cette première chapelle des temps moderne est située à Bab Tizimi.

En novembre 1913 il accueille les six premières sœurs Franciscaines de Marie, qui s'installent près de sa maison et de la chapelle. Avec leur aide il développe les œuvres paroissiales : ouvroir, catéchisme, bibliothèque et même une école qu'il transférera dès 1914 à un instituteur laïc car le Père Koehler n'était pas très patient avec les enfants.

En 1922, il sera le premier prêtre français à créer une paroisse à Tanger: la Chapelle de Sainte Jeanne d'Arc à laquelle succédera ensuite l'église de l'Assomption.

De 1928 à 1933, il est affecté à l'évêché à Rabat où il est responsable des œuvres de jeunesse et en particulier du scoutisme.

De 1933 à 1940 il est envoyé à Marrakech comme curé doyen. Il célèbre en 1935 la plus haute messe du Maroc (4 185 m) après avoir réalisé avec les scouts l'ascension du Toubkal.

Il est curé de Fès de 1941 à 1945, après une courte « vacation » à Alger en 40-41. Il sera ensuite curé d'Ifrane (2 ans) puis de Sefrou (7ans) jusqu'en 1957. A 73 ans, il quitte le Maroc pour la France où il ne s'adapte pas. Il revient alors pour 3 ans à Sidi Yahia du Rharb et quitte le Maroc définitivement en 1961. Il décède en 1965 au Couvent de Saint Palais dans les Pyrénées Atlantiques

Il est décrit comme « une personnalité complexe, à multiples facettes toutes brillantes …. Un grand personnage qui a rempli des tâches très variées, importantes et laisse le souvenir de son intelligence vive, et de ses écrits toujours utiles et agréables à lire ; on aime à évoquer sa haute stature, sa distinction souriante, qui répondaient peut-être assez peu à une silhouette franciscaine, mais suggéraient davantage le personnage de Richelieu. Néanmoins, cette vie est imprégnée d'esprit franciscain et d'intérêt pour l'histoire et les gestes des franciscains au Maroc, ce dont nous lui devons rendre compte et reconnaissance » ( Frère François Muzard)

Je l'ai connu à Sefrou où il nous faisait le catéchisme. On avait intérêt à savoir nos leçons et à être attentif pendant les cours !!

Je me souviens aussi de la façon qu'il avait d'arrêter la messe, ne tolérant pas d'être dérangé par les retardataires qui s'attiraient des remarques cinglantes, devant tout le monde, surtout lorsqu'ils voulaient rejoindre la place qu'ils estimaient la leur -le premier rang !- malgré leur retard.

Le retard avait de toutes façons ses limites, le Père Koehler envoyait l'enfant de choeur fermer la porte de l'église à clé, avant de lire l'Evangile. Ma mère nous a souvent raconté sa déception, de trouver porte close alors qu'elle avait fait près de 3 km à pied pour se rendre aux offices de Pâques. (l'un d'entre nous, encore petit, l'avait retardé de quelques minutes avant son départ).

Ce caractère un peu rugueux, une distance certaine dans sa relation aux autres sous-tendue par une sorte de conscience de sa supériorité, ont probablement privé le Père Henry Koehler, de l'accès à des fonctions plus prestigieuses que son intelligence et ses talents lui permettaient. Ceci explique peut-être son choix de « fin de carrière » dans des petites paroisses, où il était plus indépendant et pouvait se consacrer à ses activités de recherche et d'écriture.
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