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 LA FEMME MAROCAINE

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ouedaggaï

ouedaggaï


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MessageSujet: LA FEMME MAROCAINE   LA FEMME MAROCAINE I_icon_minitimeMer 9 Mar - 21:00

Conférence prononcée par le Dr Boucetta le 28 février 1951 devant les « Amis de Fès » sous le titre
«  La femme marocaine: sa condition actuelle, préface à son évolution »

Cette conférence, bien que sexagénaire reste d'actualité.....un peu comme nous !

Le Dr Boucetta, médecin à l'hôpital Cocard, était chargé du service de médecine-femmes. Ses titres lui ont valu d'être choisi pour diriger le service sanitaire des pèlerins marocains qui ont embarqué le 24 août 1951 à Casablanca pour Djeddah et La Mecque.


( Pour rompre la monotonie du texte j'insère quelques croquis de Marcel Vicaire empruntés aux "Feuilles d'Album")

" La femme a été de tous temps, le sujet éternel. Elle a posé et pose encore aux poètes, aux écrivains, aux philosophes, aux artistes, aux sociologues, des problèmes constamment renouvelés, problèmes aux données diverses, aux solutions variées selon les peuples, selon les cultes, selon les climats et ce qui est parfois décevant, pouvant varier d'une personne à l'autre.

Une étude de la femme marocaine peut donc paraître relativement simple parce que délimitée. Ce serait une fausse impression car après avoir mûrement réfléchi sur ce sujet toute sa complexité m'est apparue. Et vous le comprendrez avec moi lorsque vous aurez senti que la femme marocaine est un véritable complexe.

Elle est d'abord la femme tout court, qui sent et réagit selon les lois physiologiques qui caractérisent son sexe. Elle est ensuite une femme musulmane, donc régie par les lois précises d'une religion déterminée. Elle vit enfin dans un Maroc en pleine évolution et ce Maroc est en contact de plus en plus intime avec l'occident.

Le plan de cette étude se trouve donc automatiquement dessiné. Je n'irai cependant pas me perdre dans des considérations sur les femmes en général: je tomberais dans le subjectif, sans valeur parce que gratuit. Les principes immuables, qui régissent la femme musulmane, retiendront davantage mon attention: j'étudierai spécialement ceux qui caractérisent la femme marocaine par rapport à sa soeur occidentale (il y a évidemment, comme comparaison possible, la femme hindoue, la femme chinoise, la femme noire etc... dont la vie est régie par des principes sûrement bien intéressants. Mais ici, nous sommes limités par le temps et puis la femme occidentale m'intéresse particulièrement parce qu'elle est, pour nos femmes, l'objet de contact le plus immédiat).

Quand j'aurai énuméré et commenté ses caractéristiques, je vous dirai mon opinion personnelle, vous m'en excuserez, sur les aspirations de cette femme, sur le rôle qu'elle peut ou qu'elle doit jouer dans l'évolution du Maroc.



Quelles sont donc les caractéristiques de la femme musulmane?

Elles sont édictées par le Coran, le Hadith (paroles du Prophète) et la tradition. Mais avant de prendre ces principes un à un, je trouve absolument nécessaire de dire un mot sur la condition de la femme avant l'Islam. Vous comprendrez ainsi le sens et la portée de ces principes et ceux qui présentent le voile, le divorce, la polygamie, comme un signe de l'infériorité de la femme musulmane, comprendront que l'Islam a eu , au contraire, le souci constant de protéger la femme et de lui assurer la place qui lui revient dans la société.

Dans l'Arabie païenne, les relations entre les hommes et les femmes étaient dans la plupart des cas bornées aux relations des sexes. L'homme ne voyait dans la femme qu'un objet de plaisir. La polygamie était pratiquée sans aucune loi, sans aucune restriction d'aucune sorte. Chacun pouvait avoir des relations avec la personne qui lui plaisait. L'accord des deux partenaires suffisait. Et ainsi les Arabes, poètes dans l'âme, donnaient libre cours à leur imagination, célébraient et décrivaient la femme de leur désir, sans la moindre retenue, aussi bien dans son ensemble que dans ses détails. Description élogieuse, ironique ou diffamatoire suivant les circonstances, des fragments très saisissants de la poésie d'Ibn Rabia en font foi. Les femmes de leur côté n'avaient rien à envier aux hommes, la polyandrie existait tout aussi bien. Elle est très connue la coutume du bâton planté devant la tente de la femme pour avertir un mari qui pouvait arriver pendant que l'autre mari était là. On précise en outre que cette débauche ne se cachait pas. Relations irrégulières entre hommes et femmes n'étaient pas considérées comme une inconduite. Une histoire de Hind et de ses multiples amants était célèbre. Hind était l'épouse d'Abou Soufiane, chef et respecté. L'inconduite notoire de sa femme n'avait porté aucune atteinte à son prestige et n'a même pas décrédité cette épouse volage.


Ce tableau n'est pas fait pour porter atteinte aux Arabes de l'anté-islam dont les nobles sentiments de bravoure, de générosité ont été reconnus par tous, car souvenons-nous que nous sommes au VII ème siècle de l'ère chrétienne. Si nous ne connaissons rien ou pas grand chose de ce qui se passait en ce moment en Asie ou chez les autres peuples; nous savons que l'Europe vivait dans les ténèbres et les relations entre hommes et femmes se bornaient aux relations des sexes.

Les Romains même, au temps des Césars, à l'apogée de leur gloire militaire et de leur civilisation, n'avaient aucune considération pour la femme. Elle était considérée comme un bien, comme un avoir aux mains de l'homme qui l'exploitait comme bon lui semblait. Il avait sur elle tous les droits jusqu'à celui de la vie et de la mort. Traitée comme une esclave, il n'y avait aucune différence entre la femme et l'esclave aux yeux de la loi de Rome. Elle était la propriété de son père, puis de son mari, puis de ses enfants.

Et pourtant le Seigneur Jésus-Christ, plein d'estime pour les femmes et de compassion pour les pécheresses, avait étonné certaines personnes par sa pitié à l'égard d'une femme adultère. N'avait-il pas pris sa défense en disant « Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre ».

Signalons pour finir quelque chose de plus grave. Les Arabes avaient la sinistre coutume d'enterrer vivant tout nouveau-né de sexe féminin, car ils considéraient comme une atteinte à leur orgueil, la naissance d'une fille dans le foyer. Le Coran commence par flétrir cette inhumaine pratique.

Voici comment elle est rapportée dans le livre sacré « Lorsqu'on annonce à l'un d'eux qu'il vient d'être père d'une fille, son visage devient noir de colère, il évite de rencontrer quiconque, estimant que la nouvelle le dégrade; il reste à se demander s'il doit enterrer vivante cette intruse, ou s'il doit l'accepter dans son foyer et vivre dans la honte ». Ce à quoi le Coran répond très nettement que cette conception est vile et indigne.

Ainsi brossé, un tableau schématique de l'état de la femme dans l'Arabie païenne, nous comprendrons mieux que les restrictions et obligations introduites par l'Islam dans la vie de la femme sont destinées en réalité à la protéger.


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Quatre points, à mon avis, différencient la femme musulmane, je le répète, de la femme occidentale, ce sont:
- l'habillement et ce qu'on a appelé la réclusion
- la polygamie
- le mode du divorce
- et enfin, la valeur comparée de la femme par rapport à l'homme

Ces différents points, je les ai choisis à dessein parce que, aux yeux de ce qui ne connaissent que superficiellement les choses de l'Islam, ils constituent les points faibles de la femme musulmane.

En ce qui concerne l'habillement et plus spécialement le voile, on a pu y voir tantôt une entrave au progrès de la femme, tantôt une garantie de sa vertu. Or il n'est ni une entrave au progrès de la femme ni une garantie de sa vertu. Il fait partie de ces choses qui, utiles dans une époque, disparaissent dans une autre époque sans laisser sans laisser la moindre lacune.

Ce qui fait l'intérêt de la question c'est que, comme cela est compréhensible on y voit la classique opposition entre les anciens et les modernes, laquelle, si elle existe, n'a même pas besoin d'arbitrage. La marche du temps tranchera le différend.

Ayant en vue, la licence qui existait en ce moment là en Arabie pré-islamique il était parfaitement compréhensible que la nouvelle religion codifiât et organisât les relations entre les sexes; il était parfaitement normal pour l'édification de la moralité de la nouvelle société que l'Islam protégeât la femme contre les abus dont elle pouvait être l'objet. Et d'un autre côté qu'il protégeât les hommes, vu leurs anciennes habitudes contre les tentations de celles qui se plaisaient dans la provocation.

Voilà l'origine de la réserve que l'Islam a imposée à la femme dans sa tenue. A dessein je ne parle pas de voile, car d'après les textes que je citerai tout à l'heure il n'en est pas fait expressément mention.

On trouve dans le Coran «  Dis aux croyants qu'ils baissent leurs regards et qu'ils cachent leurs parties intimes. Dis aux croyantes qu'elles baissent leurs regards et qu'elles cachent leurs parties intimes et qu'elles ne montrent de leur beauté que ce qui est extérieur. »

On rapporte dans le Hadith que le prophète a excepté explicitement le visage et les mains des parties qui devaient être recouvertes: « Asma, fille d'Abu Barkr s'approcha un jour du prophète vêtue d'une étoffe fine, qui laissait deviner toutes ses formes. Le prophète détourna ses regards et lui dit: «  O Asma quand la femme atteint la majorité il n'est pas convenable qu'une partie quelconque de son corps soit découverte, sauf ceci et ceci » Et de sa main, il désigna le visage et les mains. Le prophète était suffisamment éloquent pour lui dire, s'il l'avait voulu de se cacher le visage.

On rapporte également dans la tradition du prophète que ce dernier était un jour assis avec sa femme Aïcha lorsqu'un visiteur aveugle entra:
- Que ne te mets tu à l'écart demanda le prophète à son épouse ?
- N'est-il pas aveugle, répondit Lalla Aïcha
- Lui ne te voit pas mais toi non plus tu ne devrais pas le voir.

Faut-il en conclure que les hommes aussi doivent se voiler ? Ce qu'il faut retenir c'est l'esprit d'un texte ou d'une anecdote. Ceux qui interprètent à la lettre le font par intérêt ou par ignorance et souvent, ils tombent dans des exagérations ridicules.

Maintenant la société humaine a évolué, la moralité s'est développée. La religion musulmane, comme les autres religions célestes, a enseigné l'amour pur et le respect de la femme. La vie de deux êtres de sexe différent doit être une vie de fraternité, d'entraide, de compréhension et de respect mutuel. Dès lors le voile n'est plus qu'une question de détail. D'ailleurs il ne viendra qu'à l'idée de jaloux grossiers que le simple fait que le visage de la femme soit caché l'empêchera de commettre des écarts ? Bien au contraire, l'homme n'est-il pas, de par sa nature même, enclin à rechercher ce qui est mystérieux ? Et le fait de voir seulement deux yeux dans un visage n'incite t-il pas le passant à faire jouer son imagination, à se représenter la bouche et le nez qui s'harmoniseraient aux yeux qu'il voit ? Pour prendre un exemple quotidien, combien de fois le regard passe, je dis presque indifférent, sur une femme étendue sur le sable, à la plage alors qu'il suffit parfois qu'un simple coup de vent soulève la jupe d'une femme, dans la rue, pour que tous les regards soient attirés. J'ai lu avec beaucoup de curiosité, l'histoire véridique d'une petite peuplade de sauvages qui pratiquaient le nudisme et chez qui la débauche n'existait pas; elle existe maintenant, paraît-il, depuis que les blancs sont arrivés et les ont obligés à s'habiller. La curiosité et le mystère aidant, l'appel du sexe a retrouvé son empire. Cela n'est qu'un exemple et il ne faut en aucun cas que je sois taxé d'exalter le nudisme car il est contraire à toutes les lois morales.

Si donc nous obligeons la femme à se voiler c'est l'homme que nous craignons. Car si nous comptons sur quelques décimètres carrés d'étoffe pour protéger la vertu de la femme ce doit être une bien petite vertu. Et si l'homme ne peut être correct et digne qu'à cause de ces quelques décimètres carrés d'étoffe il a une bien faible moralité.

Nous demeurons pleins de respect pour nos compatriotes de l'autre génération. Nous respectons, à travers eux, les traditions séculaires qu'ils nous ont transmises. Mais, de même que les saisons succèdent aux saisons, de même que leurs cheveux ont blanchi après avoir été noirs, les coutumes succèdent aux coutumes et le voile tombera de lui-même, progressivement, comme tombent les feuilles mortes.

Cela ne diminuera en rien la grandeur de l'Islam. Ce sera une preuve de plus que la morale qu'il engendre est une morale qui s'adapte à toutes les époques.



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Quant à la réclusion c'est à dire l'obligation pour la femme d'être enfermée à la maison, elle ne trouve aucun fondement ni aucun appui dans les textes religieux ni dans la tradition. Du temps du prophète et des khalifes la femme musulmane, décemment vêtue avait la possibilité de se rendre au marché, de vendre, d'acheter, d'accomplir toutes les opérations commerciales. Une femme fut même désignée par le khalife Omar comme surintendante au marché de Médine.

Aucune activité, hormis celle qui pouvait risquer de la distraire de son rôle d'épouse ou de mère ne lui était interdite. Les femmes participaient aux joutes oratoires dans les foires littéraires telles que Okad. On raconte même que, lors d'une réunion publique une femme avait pris la parole pour contredire un exposé du khalife Omar lequel, loin de se fâcher, reconnut avoir eu tort et donna raison à son interlocutrice.

On lit dans le Coran «  O prophète dis à tes filles, à tes épouses et aux femmes des croyants de laisser tomber jusqu'en bas leurs robes, il sera plus facile ainsi qu'elles ne soient pas offensées » Ceci est une preuve que du temps du prophète les femmes sortaient et se mêlaient aux hommes.

Je ne vous apprends sans doute rien en rappelant que la première femme ministre de l'histoire fut une femme arabe, ministre de l'Education nationale de Turquie lors de la révolution opérée par Mustapha Kammal. Les femmes musulmanes qui ont pris part aux affaires publiques et acquis une grande notoriété ne sont pas rares: à commencer par Aïcha, femme du prophète qui fut sa collaboratrice et sa première conseillère. Lalla Rabia Adaoui célèbre par toutes les oeuvres de bienfaisance qu'elle avait organisées, Zoubida, épouse de Haroune er Rachid, Sabiha reine de Cordoue et plus près de nous, il y en a qui ignorent que la mosquée de Karaouyine fut construite par Fatima Filiria qui en dirigea elle-même les travaux. Sa soeur a de même assuré la construction de la mosquée des Andalous. Succédant à son mari, elle s'en acquitta de façon admirable.


Enfin, quelle influence la réclusion peut-elle avoir sur la moralité ? Je ne ferai que répéter deux vers de Molière:
Les verrous et les grilles
Sont de mauvais gardiens de la vertu des filles

La réaction étant toujours très violente, je me méfierais davantage d'une femme ordinairement privée de sortir lorsqu'elle sort !

Permettez moi une question: pourquoi s'acharne t-on à faire respecter la coutume du voile qui n'est pas une injonction expresse des textes sacrés alors que l'adultère et la prise de boissons alcoolisées sont tolérés ? Pourtant elles sont formellement prohibés par le Coran. Pourquoi ? Le voile et la réclusion ne sont pas obligatoires dans l'Islam. Tout ce qui est exigé c'est une tenue décente, une certaine réserve. Tout dépend des coutumes, de l'éducation. Le grand dessein de l'Islam c'est d'élever le statut moral de l'individu en diminuant les chances de provocation et de relations sexuelles irrégulières.

J'en arrive à question de la polygamie qui a bien souvent fait distribuer à la femme musulmane la palme du martyre.

L'Islam a commencé par proscrire la polyandrie et a codifié les relations entre hommes et femmes, ramenant à quatre le nombre de femmes qu'un homme peut épouser. Mais les conditions, si on regarde de près sont tellement difficiles à réaliser qu'elle est plutôt une tolérance pour ne pas dire une interdiction tacite.

Voici le texte coranique princeps:
«  vous pouvez épouser une, deux, trois...jusqu'à quatre femmes. Si vous craignez de ne pas être juste à leur égard, alors n'en épousez qu'une seule »
Plus loin: « Et vous ne pourrez jamais être rigoureusement juste envers plusieurs femmes, même avec toute votre bonne volonté ».

La polygamie n'est donc qu'une tolérance, réservée aux cas de nécessité: une femme malade, définitivement inapte au rôle d'épouse; une femme stérile, tout ceci dans le souci d'éviter au maximum des relations irrégulières en dehors du foyer.
Mais en fait, combien sont, sur cent, ceux qui pratiquent encore la polygamie en pays musulman ? Ils constituent de l'avis de tous la très rare exception. La vie facile d'autrefois n'existant plus et les femmes étant de plus en plus conscientes de leur valeur et de leurs droits, l'homme voit de plus en plus que lorsqu'il arrive à s'entendre avec l'une d'elles c'est déjà une grande réussite.

Et je répète à dessein que le Coran a dit en toutes lettres «  et vous ne pouvez jamais être juste à l'égard de plusieurs femmes même si vous vous y appliquez ». Cette justice requise ne porte pas seulement sur la vie matérielle, ce serait encore possible; mais tous les commentateurs du Coran sont d'accord sur la nécessité de partager également son sentiment. Je vous le demande maintenant: est-il possible, humainement d'avoir la même affection pour 2 femmes ? À plus forte raison pour 3 ou 4. Le mari a fatalement une favorite. Par ce fait même sa vie avec plusieurs femmes devient illicite car il n'est plus en accord avec le texte coranique.

J'ajoute à cela que la loi de l'Islam donne à la femme musulmane une autre arme: elle peut faire mettre sur le contrat de mariage qu'elle sera épouse unique. Dès que son mari prend une deuxième femme, la première si elle le désire obtient automatiquement le divorce.
Nous en arrivons à parler de ce divorce qui , j'en conviens, demande à être considéré un peu plus sérieusement par certains.

Que dit le texte sacré: « Restez unis comme deux êtres qui s'aiment et se respectent; et si cela s'avère impossible, séparez vous de la façon qu'exige la bonne morale et la dignité humaine.

La vie en commun étant basée sur l'amour ou à défaut sur l'amitié et au moins sur l'entente, le divorce semble être une issue heureuse dans les cas de mésentente irréductible.
Il est toujours malheureux, bien entendu, de priver des enfants d'un milieu familial nécessaire à leur épanouissement et indispensable à leur éducation. Le recours à la séparation des corps semble être la bonne solution, je dis semble, car cela ne garantit pas la fidélité des deux époux privés de satisfactions physiologiques, surtout s'ils sont jeunes et exposés à l'inconduite.

Je ne voudrais heurter l'idéal ni les convictions de personne mais ce que je condamne et ce que je conçois comme un crime contre la femme, c'est la façon trop légère dont le divorce est pratiqué quelquefois par certains.

On jure que si on fait ou ne fait pas telle chose la femme est divorcée. Imaginez un cas de force majeure et vous avez compris la suite. Cela ne se pose pas toujours de cette façon, heureusement; mais il suffit d'un égarement momentané, d'un petit mouvement d'humeur pour que la chose soit possible. C'est pour cela que l'Assemblée de Hlémes au Caire a demandé que l'homme ne puisse plus divorcer sans passer devant un juge comme cela se fait en Europe. Afin qu'on puisse d'abord tenter une réconciliation; afin qu'en cas d'impossibilité on puisse peser le pour et le contre et prononcer le divorce aux torts de l'un ou l'autre époux. Le vent du progrès souffle maintenant du côté de chez nous. Un jour prochain viendra, où une législation semblable sera envisagée, adaptée et appliquée au Maroc. Elle mettra la femme à l'abri de cette hantise que pour un oui ou pour un non elle peut subir le divorce au gré de son mari.

Cependant n'oublions pas que la loi musulmane autorise la femme à avoir l'initiative du divorce, en cas de sévices graves, en cas d'impuissance du mari, en cas de troubles mentaux de celui-ci mettant la vie de la femme en danger. N'oublions pas non plus que la dot constitue une autre protection pour la femme. Protection matérielle certes mais qui a son importance. Le Coran en effet ordonne: «  Si le divorce est prononcé avant que le mariage soit consommé, la femme divorcée a droit à la moitié de la dot; si le mariage est consommé, la femme divorcée a droit à la totalité de sa dot. Le Coran précise:  « Vous ne reprendrez rien de ce que vous lui avez donné ».
Les hommes qui peuvent se permettre de divorcer et de se remarier souvent ne peuvent être que très rares. Les dépenses que nécessite un mariage, l'obligation pour l'homme de laisser sa dot à sa femme sont suffisamment importantes pour éviter d'envisager le divorce à la légère.

Il nous reste maintenant pour en finir avec les caractéristiques de la femme musulmane de parler de cette prétendue supériorité de l'homme sur la femme en Islam.

Ceux qui agitent cet épouvantail se basent sur un verset du Coran - verset que d'ailleurs ils n'ont pas compris- et qui est le suivant: les hommes protègent les femmes et doivent subvenir a leurs besoins.
Le Coran est un livre extrêmement précis et la langue arabe est très riche et permet toutes les nuances. S'il avait été question de supériorité on aurait trouvé les mots -Préférable-Meilleur-Plus fort - Aucun de ces termes ne figure dans les textes sacrés où d'autre part il n'y a aucun superlatif. Permettez moi de remarquer qu'en occident il est habituel de dire « sexe faible » en parlant des femmes. Les orientaux eux disent « sexe gracieux ». Vouloir comparer l'homme à la femme n'a d'ailleurs aucun sens. Cela équivaudrait à se demander lequel de l'aiguille et du fil est le plus utile. Pour coudre aucun des deux n'est suffisant, tous deux sont nécessaires. Il en est de même sur un plan plus élevé, pour l'homme et la femme: leur vie est une association; ils se complètent, il ne saurait y avoir de prépondérance. Une chose, d'ailleurs, est indéniable, c'est que l'univers gravite sur cette notion importante qui est la division du travail. A tous les échelons de la société et jusque dans la famille, chacun a sa spécialité. La femme, grâce à son affection plus grande et a sa sensibilité plus aigüe est habilitée à élever les enfants. L'homme par sa force physique doit affronter les dangers et faire face aux difficultés quotidiennes. Chacun est investi de l'autorité nécessaire à l'exercice de ses fonctions. Aucun d'eux n'a d'intérêt à contester les attributions de l'autre ou à vouloir se substituer à lui.

Je continue de rapporter avec objectivité les textes sacrés: « le témoignage de deux femmes équivaut à celui d'un seul homme. Si l'une des deux oublie, l'autre ravivera son souvenir ». Ceci, disent les commentateurs n'est nullement pour mésestimer la femme. Mais celles-ci ayant beaucoup de sensibilité ont moins d'aptitude à être calmes, à affronter les dangers. Là dessus, toutes les religions et toutes les philosophies sont d'accord.

Certains vont même jusqu'à préférer l'avis d'un citadin à celui d'un campagnard. Et pourtant celui-ci n'est pas une femme. Seulement le citadin a d'ordinaire plus d'instruction et d'expérience. Voilà donc mises au clair, je pense, ces questions de voile, de réclusion, de polygamie, de divorce et de faiblesse de la femme. Voilà les cinq épouvantails, les cinq misères prétendues de la femme musulmane. Voilà les quatre murs et le plafond de cette forteresse où on prétend qu'elle est enfermée. Les voilà effondrés et notre femme, si elle n'est pas encore émancipée, rien dans la religion ni dans sa morale ne le lui interdit.

Il n'y a aucune mesure nouvelle à prendre pour la défense de la femme musulmane. Il s'agit seulement d'appliquer les lois de l'Islam qui, dans leur esprit libéral, la protègent mieux que n'importe qui.

Si notre femme a encore certaines misères c'est par la faute d'hommes peu scrupuleux, qui ne font qu'interpréter à la lettre les textes du Coran. Ils en oublient volontairement ou par ignorance l'esprit libéral afin d'exploiter la situation à leur seul profit.



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Quel est maintenant l'avenir de cette femme ainsi émancipée; comment doit être compris son rôle dans l'évolution du Maroc ?

Je commence par m'élever contre l'imitation aveugle de la femme européenne – chacune vit dans un milieu; chacune a ses traditions; chacune sa religion. Tout cela est différent et c'est un désastre de vouloir en tout faire comme le voisin

En ce qui concerne l'habillement, par exemple, il est incontestable que celui de la femme européenne est plus pratique; son adoption dans des circonstances spéciales peut être heureuse à l'école ou en voyage par exemple. Mais la tenue traditionnelle de nos femmes, quand elles sont à la maison ne manque ni de beauté ni de chic, bien au contraire; si dans la rue le haïk coûteux et encombrant a laissé la place à la djellaba qui de plus en plus prend la forme d'un manteau à capuchon, il est triste de voir dans les maisons disparaître le caftan et la farajia. Ces tenues amples et coloriées s'harmonisent avec l'architecture et dans un patio en fleurs elles font un excellent effet.

Ces réserves faites, il est incontestable que l'évolution de la femme se dessine d'une façon très nette. Depuis la fillette à l'école jusqu'à l'épouse et la mère en passant par la jeune fille chez elle, l'émancipation de la femme ne fait plus de doute. La femme marocaine a montré des qualités d'adaptation et d'assimilation qui ont étonné plus d'un.

Je m'en voudrais de ne pas apporter mon témoignage sur l'évolution de la femme à l'hôpital, expérience que j'ai vécue. Lorsqu'il y a six ans j'étais interne à l'hôpital de Marrakech, la femme était encore toute effarouchée, elle faisait beaucoup de difficultés pour se laisser examiner, elle refusait de se dévoiler. J'ai même vu certains maris qui amenaient leurs femmes et exigeaient qu'elles fussent examinées par des médecins femmes. Les choses ont changé d'une façon invraisemblable en cinq ans. Je peux même dire qu'en certains points la femme a évolué plus rapidement que l'homme. Car j'en vois qui amènent leurs maris et les obligent à se faire soigner. Elles amènent leurs enfants, elles demandent la nature de la maladie, quelque fois elles s'étonnent et ébauchent la discussion d'un diagnostic. Elles demandent des précisions sur le régime et veulent connaître le résultat des examens pratiqués. Elles connaissent les centres spécialisés et s'y rendent souvent directement. Pour accoucher elles viennent en nombre de plus en plus grand à l'hôpital. Nous avons enregistré plus de cent accouchements la dernière année à l'hôpital Cocard, ce qui évite un grand nombre d'accidents et diminue la mortalité infantile due à l'ignorance des matrones. Les métiers d'infirmière, de sage-femme les attirent de plus en plus. De même que nous enregistrons certains baccalauréats, nous avons en France une excellente pianiste, Mademoiselle JEBLI qui a donné des concerts publics à Paris, à Vichy et ailleurs.

Le point caractéristique de cette évolution c'est l'essor prodigieux qu'a pris depuis quelques années l'instruction de la fillette. L'aspect des rues dans toutes les villes du Maroc a changé par le spectacle des fillettes se rendant à l'école ou en revenant.

Tous ceux qui étaient opposés à l'instruction de la fillette marocaine en sont revenus. Les grands parents eux-mêmes, farouchement traditionalistes et conservateurs ont cédé; ils ont compris que l'instruction donnait plus de valeur à leur fille à marier car les jeunes gens actuellement cherchent pour leur mariage les jeunes filles instruites ayant acquis et surtout assimilé quelques notions modernes. Ils cherchent en leur femme la compagne, la collaboratrice, la mère: il n'y a que la femme instruite qui puisse répondre à ce désir.

De son côté, la fille instruite a également pris conscience de sa personne; elle n'accepte plus d'être traitée en inférieure. Elle exige de voir son futur mari et se renseigne sur lui avant de consentir à l'épouser. Elle veut dire son mot dans le ménage. Et quand la femme est digne de ce rôle et capable de le remplir le foyer n'en tire que des avantages.

Et au fait cette instruction de la fillette musulmane qui apparaît à certains comme un problème, comment se présente t-elle ? Interrogeons comme nous l'avons fait pour les autres problèmes, les textes de la loi musulmane et voyons s'ils refusent à la femme le droit de s'instruire.

Une religion qui permet à la femme d'accéder à certaines fonctions publiques, comme l'enseignement, qui fait passer la sagesse avant la pratique du culte, une religion qui enseigne par la bouche de son prophète qu'une heure d'études est plus méritoire que 60 ans de prière, peut-on la rendre responsable de l'ignorance de la femme ?

Du temps du prophète et des khalifes, il n'était pas rare qu'une femme enseignât dans les mosquées, sans voile, à une assemblée d'hommes. Témoin cette miniature du XII ème siècle qui représente une femme debout, le visage découvert faisant un cours dans une mosquée à une assemblée d'hommes près d'un Minbar. Cette miniature que l'on peut consulter à la Bibliothèque Nationale dans la collection Chefers et que j'ai vue, est reproduite dans l'ouvrage de l'allemand Van Mann «  Der Islam ».

Une femme instruite a un rôle considérable à jouer dans une société en évolution. En ce qui concerne la question de l'émancipation de la femme, nous avons un haut exemple à suivre: c'est celui de Sa Majesté le Sultan, qui n'a pas hésité à faire sortir ses filles sans voile et à leur faire prendre la parole en public. Il est notre chef temporel et spirituel et en suivant son exemple nous ne risquons pas d'être en contradiction ni avec l'Islam ni avec la loi tout court.

A l'époque où Napoléon envisageait un système nouveau d'éducation pour la France, il dit à Mme Campan: « les vieux systèmes pédagogiques ne valent rien, il faut trouver autre chose »; « Il nous faut des mères » répliqua Mme Campan.
Cobden a dit: «  le foyer est le fondement de la nation et la mère en est naturellement la tête ». Aucune nation, aucune société ne pourrait tolérer un dirigeant inapte ou incompétent. Et pourtant des milliers et des milliers de mères incapables président aux destinées de ce Maroc. Or, l'aveugle ne peut guider l'aveugle et une mère ignorante ne peut élever un enfant qui, plus que quiconque, a besoin d'être guidé et éclairé. Quelqu'un a dit: «  Lorsque vous éduquez un garçon, vous avez éduqué un individu; lorsque vous éduquez une fille c'est toute une famille que vous avez éduquée ». La femme donc sera ce que nous en ferons. Et nos générations futures seront à son image. Je terminerai comme le poète arabe:
« certains voient en la femme un danger, menaçant pour ceux qui s'en approchent; d'autres y voient une source de bonheur pour celui qui l'acquiert. La vérité n'échappe pas aux personnes de bon sens: la femme est un miroir; ce que l'homme y voit vient de lui et lui est destiné ».




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Kais GHOMRI

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MessageSujet: Au service de nos soeurs: les Femmes .   LA FEMME MAROCAINE I_icon_minitimeMer 16 Mar - 18:29

Merci Ouedaggai, d’abord pour l’idée de cette rubrique utile, ensuite pour ce beau texte du Dr Boucetta. Serait il le même que Mhamed Boucetta qui avait succédé à Allal El Fassi à la direction du parti de l’Istiqlal en 1974 et qui avait occupé des postes importants au gouvernement en particulier celui des affaires étrangères sous Hassan II dans les années 1980 En tout cas , c’est un très beau texte clair et limpide et qui a fait le tour de la question. Pour compléter le sujet de la femme dans l’Islam en général , je conseille très vivement un livre que j’avais lu il y a un an ou 2 : Aicha, la bien aimée du prophète de Geneviève CHAUVEL.
Bravo pour les croquis aussi.
Kais
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Kais GHOMRI

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MessageSujet: La contribution intellectuelle et scientifique de la femme musulmane :    LA FEMME MAROCAINE I_icon_minitimeJeu 9 Juin - 17:39

A travers son histoire, la femme musulmane a apporté une grande contribution aux mouvements :scientifique, intellectuel et littéraire. Ainsi, des milliers de femmes ont brillé dans plusieurs disciplines scientifiques et culturelles. Si bien qu'Al Hafid Ibn Jaafar a retracé dans son livre Al Isâba fi tamyiz assahaba (l'avis pertinent dans la distinction entre les compagnons du prophète) la biographie de mille cinq cent quarante trois femmes, dont des docteurs de la loi, des oratrices et des femmes de lettres. Al imam al-Nawawi, dans son livre intitulé Tahdîb al asmâe wa loughât, Al Khatîb Al-Baghdâdi dans son livre Târîkh Baghdâd (l'histoire de Baghdad) et Al Sakhaoui dans son ouvrage Ad- daw'e allami' li ahli al qarn attasi' (les lumières du 9ème siècle) et Omar Réda Kahala dans son Mou'ajam a'alâm annisa'e, (dictionnaire des femmes célèbres) et bien d'autres biographes ont consacré des ouvrages aux femmes ayant brillé dans le domaine du fiqh, de l'exégèse, des lettres et de la poésie.
Depuis l'époque du prophète, la femme a toujours fait montre d'un désir de s'instruire, d'aller à la quête du savoir et d'exceller dans les disciplines qu'elle pratiquait. Aïcha, mère des croyants, était connue pour son érudition en matière de Coran, de sciences de la religion, de poésie et d'histoire. Hicham Ibn Urua raconte, d'après son père, l'épisode suivant : «Jamais je n'ai vu personne de plus instruite en matière de fiqh, de médecine ou de poésie que Aïcha». D'autres femmes comme Fatima fille de Hussein, fils de Ali, était l'une des femmes les plus savantes, les plus intelligentes et les plus pieuses de son temps, si bien que Ibn Ishâq et Ibn Hicham l'ont prise comme référence pour rédiger la biographie autorisée du Prophète. Citons également Noufissa fille d'Al Hassan, fils de Zayd fils de Ali, qui assistait aux conférences de l'imam Malik à Médine. Elle était connue pour son grand savoir et sa rectitude. Lors de son séjour en Egypte, elle a créé un cercle académique qui attirait les plus grands savants de l'époque, notamment l'imam Al Châfi'i qui se concertait avec elle en matière de fiqh et de sciences de la religion. Ces consultations se sont poursuivies jusqu'à la mort de ce grand maître. Citons aussi parmi ces femmes savantes, Zaynab fille de Abass, originaire de Bagdad, qui faisait partie de l'aréopage des ulémas de l'époque ; c’était une habituée des cercles de savoir tenus par Ibn Taymia. Chahda fille d'Al Abari, elle, était une agrégée des sciences du hadith ; plusieurs ulémas de la stature d'Ibn Al Jaouzi et d'Ibn Qudama l'ont eue comme professeur. Oum Habiba Al Isbahaniya avait pour disciple le cheikh Al Moundiri qui a obtenu le titre de «alem» après avoir suivi ses cours. Fatima fille de Mohammad Al Samarkandi a tenu son savoir de plusieurs grandes sommités du fiqh, comme elle a, à son tour, transmis son savoir à plusieurs étudiants. Elle a exercé le métier d'enseignante et écrit de nombreux ouvrages sur le fiqh et le hadith. Il lui arrivait même de signaler à son époux Cheikh Ala'e Al Kassani, l'auteur d'Al Bada'i, ses erreurs en matière de fiqh.
Quant à Fatima fille d'Ahmed Ibn Yahiya, c’était une savante qui élaborait des règles de fiqh et était souvent consultée par son mari Al Imam Al Moutahar lorsque celui-ci préparait les cours qu’il dispensait à ses étudiants.
L'Andalousie a également connu plusieurs femmes savantes, notamment Oum Al Hassan, fille de Souleïman. Elle aurait tenu sa science d'un rapporteur de hadith originaire d'Andalousie répondant au nom de Baqi Ibn Moukhlid qui lui a transmis sa science aussi bien oralement qu'à travers ses écrits. Elle a accompli le pèlerinage à la Mecque et fit la rencontre de savants du Hijaz qui lui ont transmis fiqh et hadith avant de retourner en Andalousie. Elle a fait un deuxième pèlerinage et mourut à la Mecque.
Ibn Hazm, dans son célèbre ouvrage traduit en plusieurs langues : Tawq al-hamâma fi al ulfati wa al alâf (connu en français sous le titre le collier de la colombe) rapporte que les femmes d'Andalousie exerçaient des professions aussi diverses que la médecine, l'enseignement, le tissage et la confection. Ce grand auteur n'a pas manqué de signaler qu'enfant, il a eu des femmes comme professeurs.

Au Maghreb : Fatima Al Fihriya Oum Al Banîn construisit la mosquée Al Qarawiyine à Fès au III ème siècle de l'hégire. Cette moquée a aussitôt fait office d'université, la première du genre dans le monde islamique, voire dans le monde entier. Fatima Al Fihriya était une savante mais aussi une bienfaitrice, tout comme sa sœur Mariam qui, elle, a construit la mosquée Al Andalous à Fès.
Le Maghreb comptait également parmi ses femmes savantes, Asmaa fille d'Assad fils d'Al Furat, qui a tenu son savoir de son père, ami des deux grands imams Abu Hanîfa et Malik Ibn Anass. Elle s'est rendue célèbre par le rapport des hadiths et du fiqh selon l'école hanafite.
Citons aussi Khadija fille de l'imam Sahnoun. Le grand imam Al Qadi Ayyad dit d'elle dans son ouvrage intitulé : Tartîb al madârik wa takrîb al masâlik li maarifati a'alâmi madhabi mâlik (les grands noms du rite malékite) : «Khadija fut connue pour sa sagesse, sa science et sa piété. Les femmes la consultaient sur les questions de la religion et elle leur servait d'exemple». Tamîma, fille du sultan almoravide Youssef Ibn Tachafine, comptait parmi les femmes les plus brillantes en sciences, tout comme Oum Amr Ibn Zohr, sœur du célèbre médecin Abu Bakr Ibn Zohr, qui était, elle, excellente en médecine théorique et pratique.
Le Maghreb comptait aussi Bayram, fille de Ahmed Al Diroutiya qui était une grande spécialiste des lectures du Coran ; elle a eu le privilège de lire le Coran à Bayt Al Maqdis devant les grands cheikhs et était connue pour avoir mémorisé plusieurs textes de référence.
Jusqu'au début du XIXème siècle, la ville de Fès a connu Al Aliya fille du savant At-tayib Ibn Kirân. Elle enseignait la logique à la mosquée Al andalous en consacrant des séances aux femmes et d'autres aux hommes. Le même phénomène existait aussi en Egypte, en Syrie, en Mésopotamie, en Perse, en Turquie, en Tranxianie et en Inde. Ainsi, le savant Abu Al Hassan Ali Al Hassani An-nadawi raconte que des femmes brillantes de sa famille lui avaient enseigné les sciences juridiques musulmanes et la littérature. Ses sœurs aussi ont eu une importante contribution à la littérature de leur époque.
A l'époque moderne, plusieurs femmes musulmanes se sont distinguées par leur excellence dans les domaines des sciences, de la littérature, du droit, de la médecine, de l'administration et bien d'autres champs du savoir. Certaines ont même atteint un très haut niveau dans leur domaine de spécialité. A cet égard, les universités du monde islamique reçoivent toujours des enseignantes brillantes dans les différentes disciplines dont certaines ont eu des contributions notoires dans le domaine de la recherche scientifique.
L'histoire islamique est témoin des brillantes contributions de la femme aux différents champs de la science et du savoir alors que dans les autres sociétés, à la même époque, la contribution de la femme à l'activité intellectuelle n’a pas été aussi remarquable.
Ces vérités historiques nous rendent fiers de l'immense apport de la femme musulmane à la civilisation arabo-islamique et nous incite à favoriser davantage l'accès de la femme aux domaines des sciences et du savoir. Cela lui permettra de tirer parti de ses atouts et de ses compétences afin de soutenir le développement global dans nos sociétés islamiques, en s'appuyant sur les valeurs de l'islam et en s'adaptant aux exigences du développement socioculturel du monde moderne. La femme musulmane sera ainsi en mesure de renouer avec le grand rôle qu'elle a remarquablement joué, à travers l'histoire de la civilisation arabo-islamique.
C'est assurément l'un des grands défis auquel nous devons faire face car le monde islamique entend réaliser un développement scientifique global qui met à contribution ses hommes tout autant que ses femmes. Pour ce faire, on doit rester attaché aux constantes islamiques pérennes tout en s'ouvrant sur l'époque actuelle et en s'adaptant à ses changements. Les sociétés islamiques auront ainsi devant elles un avenir plus radieux et plus prospère.
C'était là un aperçu général sur la place de la femme en islam. Les situations peuvent différer d'un pays musulman à un autre, voire d'une ville à une autre. Mais cette différence s'explique par la réalité dictée par les us et coutumes, les circonstances de telle ou telle société. Le plus important c'est de comprendre le point de vue de l'islam sur la femme et la place qu'elle occupe dans la société islamique, à travers les textes de droit musulman, l'interprétation de ces textes et les exemples puisés dans l'histoire des musulmans.
Il est de notoriété publique que l'islam a, à travers l'histoire, assimilé des peuples et des nations qui avaient des coutumes différentes. Il est tout aussi vrai que plusieurs régions du monde islamique ont fait l'objet d'agressions externes, de colonisation, d'invasion culturelle et d'occupation. D'autres régions ont subi les affres du sous-développement et de la régression. C'est pour cela que plusieurs pratiques musulmanes d'aujourd'hui, dont celles liées à la situation de la femme, sont imprégnées de cet héritage aux différents aspects et aux différentes couleurs.

Publications de l'Organisation Islamique pour l'Éducation, les Sciences et la Culture

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